exposition « une journée »
Du 13 décembre 2008 au 08 mars 2009
Le CCC présente « Une journée », une exposition personnelle de Marie Bovo. Elle réunit un ensemble conséquent de travaux récents, réalisés en 2007 et 2008 et dont certains sont présentés pour la première fois à cette occasion.
Marie Bovo mène un travail sur l’image, vidéo et photographique. Elle s’est fait connaître ces dernières années avec des photographies de paysages nocturnes. Grâce à un temps d’exposition prolongé, ces images faisaient naître une lumière irréelle, révélant de façon onirique ce qui est d’ordinaire masqué par la nuit. Dilaté, ralenti, le temps est une composante à part entière d’une grande partie de ses travaux. Évoqué ou pris en compte dans le processus même de réalisation des images, il diffère du temps de la perception immédiate habituellement attaché à la photographie. Marie Bovo propose des temporalités plus mentales et métaphoriques propres à évoquer les cycles universels du vivant.
Profondément ancrées dans la réalité, mettant en jeu des implications parfois géopolitiques ou sociales, les œuvres de Marie Bovo résonnent fortement des inspirations littéraires et poétiques qui nourrissent sa réflexion et sa sensibilité. Chacune de ses réalisations témoigne d’un double regard sur les choses, qui fait d’une situation simple et singulière l’expression d’une dimension universelle, où le passé rejoint le présent, où les différentes cultures, en particulier celles du monde méditerranéen, se relient.
La série des dix grandes photographies de « Bab el Louk » est ici montrée pour la première fois dans son intégralité. Elle représente 24 heures sur les toits et terrasses d’un quartier du Caire. Photographié en hauteur, à différents moments de la journée et de la nuit selon un cadrage sensiblement identique, le quartier de « Bab El Louk » passe par de subtiles variations chromatiques. Il se métamorphose au gré de la lumière d’un ciel toujours hors cadre et des éclairages de la ville. Le regard s’enfonce et se perd dans les détails infinis de ce patchwork urbain et organique qui s’étend, sans horizon, à perte de vue.
L’unité de temps qui inspire son titre à l’exposition, est la journée. Comme dans le théâtre classique, elle constitue le premier cycle temporel qui contient tous les autres, celui qui décrit tant le temps vécu et quotidien que le temps absolu qui régit le cours des choses.
À la plongée sur les toits du Caire répond le mouvement ascendant des photographies de la dernière série de Marie Bovo, réalisées dans des cours intérieures d’immeubles du quartier Belsunce à Marseille. L’horizontalité de « Bab el Louk » fait place à la verticalité radicale des murs s’élevant vers le ciel. Marie Bovo saisit la trouée de couleur et de lumière pure qui se dessine entre les murs, au sein d’une architecture close dont l’artiste restitue la sensation d’enfermement presque carcérale qu’elle provoque.
Marie Bovo présente également des installations vidéo, dont sa dernière réalisation, « Casida », qui est montrée pour la première fois au CCC. Au ralenti, l’image simple, presque triviale, de tourterelles prenant leur envol ou picorant des grains de raisin pourpres fait resurgir des imaginaires ancrés dans des mythes anciens qui convoquent la peinture, l’origine des images et de la représentation.