düsseldorf mon amour
En parallèle à l’installation de Klaus Rinke, le ccc od propose une traversée sur plusieurs décennies de la scène artistique allemande, des années 1950 à aujourd’hui, au travers des archives personnelles de l’artiste et d’un ensemble de prêts d’œuvres majeures du Centre Pompidou – Musée national d’Art moderne et de la Kunstakademie de Düsseldorf.
Cette exposition révélera pour la première fois en France l’importance de cette école et de son enseignement dans le renouveau de l’art allemand depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Cette institution allemande, si différente des autres écoles d’art de par le monde, constitue depuis plus de 70 ans une plateforme d’échanges inouïe pour plusieurs générations de créateurs, imprégnés d’un modèle d’enseignement unique dans laquelle de grands « passeurs » de l’art du XXe siècle se sont impliqués, tels Marcel Broodthaers, Robert Filliou, Nam June Paik ou encore Joseph Beuys. Cette école de Düsseldorf n’est pas une « école » au sens historique du terme. Il n’existe pas de « style Düsseldorf » mais plutôt un esprit, qui a animé les enseignants et les étudiants de ce lieu si particulier qui a connu un essor sans comparaison à partir des années 1960. C’est cette multiplicité de pratiques, de mediums et de styles, issus d’un même foyer extrêmement riche et fécond qu’il semble important de souligner ainsi que ses prolongements jusqu’à aujourd’hui.
Au-delà d’une exposition historique sur la scène de Düsseldorf, il s’agira pour le ccc od de faire dialoguer une mémoire vivante, celle de Klaus Rinke, avec des œuvres et des artistes qui auront façonné cette école hors norme et créé les conditions d’émergence de plusieurs générations d’artistes parmi les plus importants de notre temps.
L’exposition Düsseldorf mon amour constituera un moment important pour la connaissance en France de cette école dont l’enseignement est devenu aujourd’hui l’objet d’un véritable mythe.
Cette grande saison sera l’occasion d’échanges avec les protagonistes de cette scène toujours actifs aujourd’hui. Il s’agira de retrouver l’ambiance si particulière de l’école au travers de films d’archives, de témoignages et de rencontres avec ses acteurs, une sorte de grand « Ring-Gespräch » ou « discussion en cercle » au cœur de l’exposition.
Personnage au centre des turbulences qui ont atteint l’institution dans ses fondations-même dans les années 1960 et 1970, Joseph Beuys a permis une remise en question profonde et totale de la création et de son enseignement, avec son concept d’art nouveau. Lui-même étudiant à la Kunstakademie de 1945 à 1954, il s’est servi de l’école comme lieu de mise en œuvre de son art jusqu’en 1972. Il l’a mise à l’épreuve, elle et ses acteurs, afin de la libérer de son carcan institutionnel.
Il n’établissait aucune différence de statut entre l’artiste et le professeur qu’il était et se trouvait continuellement présent dans les locaux de l’école. Beaucoup se souviennent d’un personnage qui hantait les couloirs et agissait tel un aimant sur les étudiants, qui voulaient tous intégrer sa classe.