exposition « Walking on the light »
Du 12 octobre 2014 au 18 janvier 2015
mounir fatmi présente au CCC sa nouvelle exposition personnelle “Walking on the Light”. Celle-ci réunit un ensemble important d’une quinzaine d’œuvres récentes. Plaçant au premier plan la question de l’altérité et l’exploration du langage, l’artiste dessine un parcours hanté par la présence de deux écrivains : Salman Rushdie et John Howard Griffin. Deux hommes de langage dont la vie fut marquée par l’expérience d’une déconstruction de leur identité et de sa re-création à travers la figure de l’Autre.
Le photomontage « Qui est Joseph Anton ? » (2012) nous entraîne sur les traces de Salman Rushdie, à travers le nom d’emprunt qu’il utilisa pour continuer, depuis sa clandestinité forcée, à vivre et à écrire. Contraction des noms de deux autres écrivains, Joseph Conrad et Anton Tchekov, le nom de Joseph Anton fait coexister trois auteurs, trois identités et trois voix, se confondant désormais pour dessiner un nouveau portrait : celui du fugitif. Les traits de l’écrivain menacé réapparaissent dans la vidéo “Sleep Al Naim” (2005-2012), le représentant dans l’ambivalence d’un sommeil tranquille et intranquille, un état de vulnérabilité et de force mêlées.
Plusieurs œuvres de l’exposition nous renvoient à l’expérimentation menée dans les années 60 par l’écrivain blanc John Howard Griffin pour se fondre au sein de la communauté noire américaine et en partager le vécu en pleine période de discrimination raciale. L’auteur n’hésita pas à modifier la couleur même de sa peau de façon irréversible. Il témoignera à travers ses écrits de cette plongée au cœur de l’expérience de l’Autre, plongée dans la noirceur de l’image dont il ne se remettra pas. C’est dans la faculté de médecine de la ville de Tours que John Howard Griffin a étudié la médecine, puis il a été interne à l’hôpital psychiatrique de Tours sous la direction du Dr. Pierre Fromenty, où il a conduit des expériences à base de musique grégorienne sur des malades criminels. Enrôlé dans l’armée pendant la Seconde Guerre mondiale, il reçoit des éclats d’obus dans le cerveau et devient aveugle. En 1957, il recouvre miraculeusement ses facultés visuelles.
Croisant ces deux évocations littéraires, mounir fatmi présente une dizaine d’œuvres dont certaines, comme “Mehr Licht” sont emblématiques de son travail. Au gré du parcours, l’exposition explore notamment la violence de l’histoire et de la civilisation, qui s’exprime à travers l’écrit et les différents langages, religieux, politiques et littéraires.